Les débuts boursiers d’une société sont toujours un moment délicat. Par définition, une entreprise qui vient d’être introduite en Bourse n’a pas l’expérience de la relation avec des investisseurs avides de nouveautés ou celle de la publication régulière de ses chiffres financiers. Le cours peut se montrer erratique dans les premiers mois, le manque d'historique boursier ne permettant pas encore au marché de savoir quel degré de confiance il peut avoir dans la communication de la société.
Introduit en juillet dernier sur l’Eurolist C, l’éditeur de logiciels de codage vidéo Ateme a connu ces doutes. Au cours de clôture de ce soir, il affiche ainsi un retrait de plus de 30% sur sa valorisation initiale. Il est vrai qu’après avoir publié une croissance de 22% au premier semestre 2014, Ateme avait révélé des chiffres moins enviables au troisième trimestre, avec seulement 9% de croissance. Dans le communiqué du 12 novembre, le groupe assurait s’attendre « à délivrer au 4ème trimestre une croissance significativement supérieure à celle du 3ème trimestre ». Mais allait-il tenir cette promesse et, au demeurant, qu’entendre exactement par « significativement » ?
La publication ce lundi après clôture du chiffre d’affaires annuel 2014 bouscule les doutes d’une manière franche et massive. Au quatrième trimestre, Ateme affiche ainsi des ventes de 8,1 millions d’euros, en croissance de... 39%. Tout le monde sera d’accord pour considérer un tel rebond comme significatif ! Sur la zone Europe-Moyen-Orient-Afrique (plus de la moitié de des ventes du trimestre), la croissance est très nette (+28,8%). Mais surtout, l’Amérique du Nord progresse de 41,7%, tandis que sur les zones plus émergentes (Amérique latine et Asie-Pacifique), les facturations bondissent respectivement de 96,2% et 49,2%.
Au total, l’année 2014 se solde par un chiffre d’affaires de 25,4 millions d’euros, en croissance de 23,5%, une progression en ligne avec une croissance moyenne de plus de 27% par an ces quatre dernières années. Ateme profite de l’essor de la consommation de vidéo (VOD, TV numérique, diffusion en ligne d’événements) et affiche sa stature mondiale. Le potentiel de croissance reste important, Ateme restant par exemple de taille très modeste par rapport à un de ces principaux concurrents, Harmonic Inc. (433,6 millions de dollars de chiffre d’affaires en 2014 et 674 millions de dollars de capitalisation boursière), plutôt en panne de croissance quant à lui. Si Ateme table sur une poursuite de la croissance en 2015, la société n’apporte pas de précisions chiffrées à ce stade.
Pas de précision non plus sur le niveau de rentabilité en 2014, même si l'accélération de la croissance au second semestre est de bon augure, après un premier semestre où la perte opérationnelle avait légèrement décru. Il faudra attendre le 26 mars après bourse pour en savoir plus, mais peut-être pas pour voir le titre reprendre des couleurs, après la forte croissance de la fin d'année 2014.