Quand une société choisit comme date de publication de ses comptes un vendredi soir, ce n'est jamais de bon augure. Cela signifie généralement qu'ils sont mauvais et que les gens chargés de la communication, avec un brin de naïveté, tentent de les balayer sous le tapis en espérant que les investisseurs les auront oubliés en revenant de week-end ! La logique se vérifie dans les résultats annuels d'Avenir Finance, certes publiés un jeudi soir, mais avant un week-end boursier de quatre jours. En données proforma, et malgré une augmentation de l'activité de 20% à 79,8 millions d'euros, le résultat net d'Avenir Finance plonge de 45%, à 1,3 million d'euros. La tendance est encore pire sur le résultat opérationnel courant, en recul de 58%, à 2,3 millions d'euros. On est bien loin des 8,6 millions d'euros de bénéfice net attendus par les analystes d'AlphaValue.
Mais ces mauvais résultats sont-ils vraiment une surprise ? A vrai dire, outre la date de publication déjà mentionnée, les clignotants d'alerte étaient clairement allumés pour qui voulait les voir depuis la publication du chiffre d'affaires annuel. Ce communiqué parlait déjà d'année de transition : un euphémisme pour dire qu'il ne s'agirait pas d'un milésime exceptionnel. De plus, alors que le chiffre d'affaires proforma apparaissait en hausse de 47% sur les neuf premiers mois de l'année, cette progression était ramenée à seulement 21% pour la totalité de l'exercice. Le trou d'air dans l'activité au T4 était manifeste, la société parlant pudiquement de "décalages d'opérations immobilières". Plus inquiétant encore, Avenir Finance évoquait un changement de méthode dans le calcul de son chiffre d'affaires ! Une manière de dire que celui annoncé au T3 ne reflétait pas exactement la "vision économique" de l'entreprise ?
Au final, c'est en effet l'activité de production immobilière qui plombe les comptes 2014 avec une perte de 1,9 millions d'euros, assez étonnante par raport au résultat à l'équilibre en 2013, dans la mesure où le chiffre d'affaires est lui en hausse de 30%. Mais le pôle de gestion d'actifs souffre aussi, là encore en dépit d'une forte augmentation du chiffre d'affaires. Le résultat opérationnel courant est de 0,1 million seulement en 2014 contre 2,7 millions en 2013 : une baisse de 95% ! La différence entre les deux exercices, c'est l'intégration d'une équipe commerciale de quelque 200 personnes issues d'Ageas, qui a considérablement augmenté la base de coûts et ne semble pas avoir aporté suffisamment d'activité supplémentaire pour les compenser. Pour le troisième pôle, celui des services immobiliers, c'est tout l'inverse : les bénéfices ont augmenté, malgré une baisse d'activité.
D'ailleurs, le débat est bien là : les diverses modifications de périmètre subies par Avenir Finance ces derniers trimestres aboutissent à un groupe diversifié entre gestion financière et immobilière, dont les différents pans d'activité n'offrent que peu de synergies et pour lequel il est bien difficile de faire des prévisions. Le plan de croissance évoqué (en gras)dans le dernier communiqué et qui vise 11 millions de résultat opérationnel en 2017 semble aussi ambitieux que peu étayé. Des prévisions non engageantes et qui, si l'on se fie à l'historique de la société, ont quelque chance de ne pas être atteintes.
En publiant ses résultats, la société fait aussi un aveu : ils subissent l'impact d'une révision comptable des risques immmobiliers, qui, semble-t-il, n'avaient donc pas été suffisamment pris en compte précédemment, notamment dans le cadre de l'apport par Inovalis de ses sociétés immobilières à Avenir Finance. Voilà qui pose une question : le périmètre Inovalis a-t-il été surévalué dans la fusion ? Quoi qu'il en soit, la famille Blain, qui est sortie du capital, a sans doute fait ici une meilleure affaires que les petits porteurs. Lesquels se souviendront au moins jusqu'à mardi de ces résultats et en subiront sans doute les conséquences.