Au début de ce mois, ce n'était encore qu'un penny stock. Le 1er juillet, Guillemot clôturait péniblement à 87 cents. Depuis, l'action s'était affranchie du seuil de 1 euro mais les échanges restaient rachitiques, avec seulement 3.516 titres échangés le 17 juillet. Mais depuis, le spécialiste des accessoires pour jeux vidéos excite la passion du marché.En quatre séances, les échanges cumulés ont représenté plus de 2,8 millions de titres, soit environ 70% du flottant de la société contrôlé par la famille Guillemot, et le titre s'est envolé de 42,6% dans le même temps, malgré la baisse d'aujourd'hui : un brutal regain d'intérêt juste avant la publication du chiffre d'affaires semestriel ce soir.
Fuites ou pas, les investisseurs attendaient un bon chiffre et il ne peuvent pas se montrer déçus ce soir. Alors que la société communique depuis le début de l'année sur une prévision de croissance à deux chiffres en 2015 et a brillamment rempli cet objectif au premier trimestre (+38%), c'est même une progression à trois chiffres qu'elle a réussi au deuxième trimestre (+120%). Cette performance est à attribuer à la gamme d'accessoires de jeux Thrustmaster (volants, joysticks, etc), qui a généré des facturations en hausse de 164% sur le trimestre, à 11,1 millions d'euros. Le formidable rebond de cette activité s'explique à la fois par un contexte favorable (avec le lancement récent du jeux de voiture Project Cars, financé par une opération de crowdfunding de grande ampleur) et aussi par une offensive commerciale sur de nouveaux marchés (renforcement de la présence en Chine, Royaume-Uni, pays nordiques).
L'autre activité de Guillemot (Hercules : consoles pour DJ et autres périphériques audio) apparaît beaucoup moins dynamique et ne représente que 18% de l'activité au cours du semestre. La bonne nouvelle, c'est qu'elle n'est plus un boulet au pied de Guillemot puisqu'elle a retrouvé la croissance au deuxième trimestre (+11,8%) après un premier trimestre où la tendance restait très négative (-17%). L'innovation produit et la stratégie OEM (vente d'accessoires destinés à être intégrés à des offres d'autres sociétés) viennent soutenir cette inflexion.
Le communiqué de Guillemot prévoit une croissance à deux chiffres au deuxième semestre, ce qui augure d'un chiffre d'affaires annuel d'au moins 52,5 millions d'euros. En extrapolant la croissance du premier semestre (78%) sur le second, on obtiendrait plutôt 71 millions, mais la réalité se situera sans doute quelque part entre les deux. On regrettera en revanche l'absence d'indications sur la rentabilité, après quatre années consécutives de pertes. Mais avec une telle dynamique, comment ne pas espérer un retour des bénéfices ?