La crise grecque est-elle finie ? Pas sûr ! La Chine tiendra-t-elle ses prévisions de croissance ? La récente série de dévaluations du yuan semble montrer que la sérénité ne règne pas dans l’empire du milieu. Où va le pétrole ? Mystère ! Bref, on voit ces derniers mois ressurgir nombre d’incertitudes, avec sur les marchés financiers le retour d’une volatilité qu’on avait un peu oubliée.
Un tel contexte est a priori très favorable à ce qui est souvent considéré comme la valeur refuge ultime... l’or. Au moment du sauve-qui-peut général consécutif à l’effondrement de la banque Lehman, le métal précieux avait parfaitement joué ce rôle, avec un doublement sa valeur entre les niveaux de fin 2008, inférieurs à 800 dollars l’once, et septembre 2011, où il toucha brièvement les 1.900 dollars. Mais cette fois-ci, l’or réagit bien différemment. Depuis le dernier trimestre 2012, il est engagé dans une spirale baissière, même si un mince rebond a été enregistré depuis un mois, et cote à peine plus de 1.100 dollars.
Pourquoi l’or ne « fonctionne » t-il plus ? On peut identifier plusieurs raisons. Tout d’abord, il faut rappeler que l’or est coté en dollars. Plus le dollar monte, plus les acheteurs étrangers payent leur lingot cher, ce qui fait que l’évolution du prix de l’or a classiquement une corrélation négative avec le dollar. Or (sic !), depuis un an, le dollar s’est considérablement apprécié par rapport aux autres devises.
L’autre élément important à connaître concernant l’or est qu’il très lié à la conjoncture dans les pays émergents. En effet, Chine, Inde et Moyen-Orient représentent à eux seuls la moitié de la demande mondiale. Justement, une série d’événements est venue bouleverser le marché. En Inde, les chutes de pluie au premier trimestre ont fortement impacté les récoltes, pénalisant les revenus des individus dans ce pays à la population encore très rurale. Conséquence : au deuxième trimestre, la demande indienne d’or a chuté de 25% en volume (et de 30% en valeur). Du côté de la Chine, le krach boursier qui a commencé en juin, après une période de forte spéculation boursière, a peut-être contraint certains investisseurs à revendre de l’or pour assurer leurs échéances. Dans ce pays, la demande a chuté de 3% en volume et 10% en valeur au deuxième trimestre : un impact similaire à celui constaté au Moyen-Orient, une zone où la demande globale est moins importante mais où la chute de la demande a été plus sensible (-29% en valeur). Là, c’est bien évidemment la chute du pétrole qui est en cause, avec des rentrées de devises étrangères bien moindres qu’auparavant.
Pour l’heure, la demande financière ne vient pas compenser la demande physique, puisque les ETF et autres produits de type « or-papier » continuent de décollecter. Au total, sur le deuxième trimestre, on constate donc que la demande mondiale d’or (915 tonnes) est inférieure de 17% environ à la production sur la même période. On ne vous fait pas de dessin ! Peut-on espérer une inversion ? Pas si sûr ! Car l’or est traditionnellement un placement réputé pour ses vertus anti inflationnistes. Et l’inflation galopante n’est certes pas la première préoccupation du moment.