En 2030, Jean-Bernard Lévy aura 75 ans et ne sera sans doute plus PDG d’EDF. C’est pourtant vers cet horizon que se tourne sa stratégie. Un sens du long terme fort louable, mais...
Le titre EDF manque de jus ce matin. Vers 10h40, il est en recul de 3,6%, dans un volume de plus de 800.000 titres, confortant sa place parmi les plus fortes baisses du CAC 40 cette année. Cette mauvaise humeur fait suite à la publication ce matin dans les Echos d’une interview de Jean-Bernard Lévy, patron d’EDF, explicitant ces objectifs 2030.
Que sanctionne le marché ? A quelques semaines de la conférence mondiale de la COP21 sur l’urgence climatique, qui s’ouvrira à Paris le 30 novembre, EDF semble quelque peu à contre-courant. Alors qu’on va discuter des tous les moyens possibles de diminuer l’empreinte de l’activité humaine, ce qui passe notamment par plus d’efficacité énergétique, Jean-Bernard Lévy table ainsi dans son plan stratégique sur une augmentation de la consommation d’électricité de 0,5 à 1% par an dans les 15 prochaines années.
Mais surtout, une des premières actions majeures de Jean-Bernard Lévy depuis sa prise de pouvoir fin 2014 a été de proposer et d’obtenir le rachat par EDF de la branche réacteurs d’Areva, alors que le reproche souvent fait à EDF est de ne pas avoir poussé suffisamment le développement des énergies renouvelables. Aujourd’hui, elles représentent certes 21% du mix énergétique d’EDF mais les « vieilles » énergies renouvelables (l’hydro-électricité) restent la part majeure (16% à elles seules). Jean-Bernard Lévy mise bien sur un doublement de la capacité d’EDF en renouvelables d’ici 2030, mais il semble maintenir son focus sur le nucléaire, dont il vante la « prédictibilité ». Le PDG parle là de la capacité à produire la quantité d’énergie voulue au moment voulu. La prédictibilité financière du nucléaire semble moins assurée, entre les retards coûteux et répétés de l’EPR de Flamanville et les coûts cachés de la décontamination des anciens sites.