Carmignac Gestion est une société de gestion qui aime se fâcher avec le consensus. Les paris actuels pris sur le fonds patrimonial phare Carmignac Gestion en témoignent une nouvelles fois : une exposition action réduite à 7% (alors qu'elle peut fluctuer entre 0 et 50%) et une sensibilité au taux presque à son maximum (+9,5 à comparer à une fourchette comprise entre -4 et +10) alors que tout le monde parle de hausse des taux.
Cette dimension contrariante peut parfois occasionner des périodes de contre-performance marquée. Ainsi, dans les six derniers mois, le fonds a perdu environ 12%, soit presque deux fois plus que la moyenne de sa catégorie, faute d'avoir profité du rebond des actions en septembre. En réalité, voici plusieurs années que Carmignac Patrimoine (part A, en euros) fait moins bien que son indice de référence. Cette sous-performance a été assez légère en 2011, 2012 et 2013, mais elle a été beaucoup plus importante en 2014 (plus de 7% d'écart défavorable avec l'indice de référence), même si elle a été bonne en absolue (+8,81%).
Pour l'instant, il ne semble pas y avoir là de quoi décourager les clients. Si Didier Saint-Georges, "managing director" de l'entreprise, reconnaît des retraits importants sur les fonds liés aux pays émergents, la collecte nette des retraits s'élève à 2,2 Mds€ depuis début 2015, un chiffre à comparer aux 52,3 Mds d'encours gérés à fin septembre 2015. Pas d'inquiétude donc pour cette société de gestion qui a connu une prodigieuse croissance dans la dernière décennie, particulièrement dans la crise post-Lehman grâce à une stratégie ayant su protéger l'argent des clients contre le chaos ambiant. Reste que le chiffre de 55 Mds d'encours atteint fin 2010 semble aujourd'hui un plafond de verre. En tout cas, les années où les actifs gérés pouvait doubler ou plus (2003, 2005, 2009) semblent bien appartenir au passé. Voilà qui laisse de la place à d'autres gestionnaires entrepreneuriaux méritants concurrents comme La Financière de l'Echiquier ou Comgest.