Ce 20 janvier 2017 marquait l’entrée en fonction du nouveau président américain. Si l’on tient pour acquis que les déclarations tonitruantes de Donald Trump vont se traduire in extenso dans ses décisions en tant que « big boss » de la première économie mondiale, le petit monde du développement durable a du souci à se faire. Le côté « socialement responsable » ne semble en effet pas être la première qualité d'un homme qui promet pêle-mêle de bâtir un mur à la frontière mexicaine ou d’enterrer la COP21.
Il est d’ailleurs assez notable que ce soit des personnalités du monde de l’entreprise qui soient amenées à rappeler à Trump à plus de responsabilité en matière sociale ou environnementale. Mark Zuckerberg, le très médiatique patron de Facebook vient ainsi de signifier au nouveau président que les étrangers n’étaient pas tous de violeurs ou des assassins... mais parfois des ancêtres d’Américains respectables (voir sa déclaration ci-dessous).
Plus significativement encore - comme le rappelle Corporate Knights, le « magazine pour un capitalisme propre », à l’occasion de la sortie de son classement annuel des 100 entreprises mondiales les plus durables - dès la mi-novembre 2016, ce sont 360 entreprises et investisseurs institutionnels, parmi lesquels Starbucks, Nike, Tesla, Timberland ou Unilever, qui ont écrit conjointement au président élu pour lui demander de prendre au sérieux la problématique climatique, en réaffirmant de la manière suivante leur propre engagement.
Nous, soussignés, membre de la communauté économique et financière des États-Unis, réaffirmons notre profond engagement à répondre aux enjeux du changement climatique en appliquant l’historique Accord de Paris sur le climat.
Le classement des 100 entreprises durables de Corporate Knights semble démontrer que le comportement de la sphère politique a une influence significative sur celui des entreprises. Si les États-Unis sont le pays le plus représenté avec 19 sociétés dans le classement, c’est en effet la France qui vient ensuite avec 12 sociétés (dont 9 dans le top 50) : Dassault Systèmes, Crédit Agricole, Schneider Electric, Vivendi, TF1, Total, L’Oréal, BNP Paribas, Peugeot, Legrand, Rexel et enfin Kering. « Cette forte performance française semble due à la combinaison des exigences strictes de reporting depuis les lois Grenelle et au salaire maximum de 450.000 euros imposé aux dirigeants des entreprises publiques », explique Michael Yow, directeur de recherche de Corporate Knights.
Si le Royaume-Uni fait quasiment jeu égal avec la France (11 sociétés dans le classement), on tombe ensuite à six représentants pour l’Allemagne et le Canada, cinq pour les Pays-Bas, puis quatre pour la Finlande, le Japon, la Norvège et la Suède. Mais l’Europe du Nord peut s’enorgueillir de quelques unes des meilleures places : l’Allemand Siemens pointe en tête du classement, juste devant le groupe d’assurance norvégien Storebrand. La banque danoise Danske Bank figure en quatrième place, devant son homologue néerlandaise ING. Et c’est l’Américain Cisco (troisième) qui vient compléter ce top 5.
Mais pour mesurer plus justement le mérite respectif de chaque pays, il semble intéressant de ramener le nombre d’entreprises nationales présentes dans le classement au nombre d’habitants du pays considéré. Le tableau ci-dessous classe ainsi les pays les mieux représentés dans le classement Corporate Knights sur le critère du nombre d’entreprises dans le classement pour 10 millions d’habitants : un chiffre évidemment théorique pour des pays comme la Norvège ou la Finlande, qui comptent en effet moins de 10 millions d’habitants, mais qui permet de relativiser la performance française. Et plus encore celle des États-Unis : avec un chiffre de 0,58, la première économie mondiale n’apparaît qu’en 17ème place des 22 pays présents dans le classement.