Le nouveau président américain a nommé à la tête du Conseil national au Commerce (National Trade Council) un économiste nommé Peter Navarro et auteur d’un livre paru en 2011 et intitulé « Death by China ». Voilà qui en dit long sur la manière dont Donald Trump envisage l’implémentation de son programme, ou plutôt de son leitmotiv « America First ».
La méthode Navarro - supprimer les importations du paysage pour améliorer mécaniquement le PIB, comme si cela n’avait aucun impact sur les autres composantes de la création de richesse nationale - a beau sembler naïve à la plupart de ses pairs, elle entretient le spectre du protectionnisme et semble particulièrement menacer les pays émergents fortement exportateurs.
Il est donc intéressant de voir comment se comportent les marchés financiers des pays émergents depuis le début de l’année. Comme le montrent les données compilées par Bank of America Merrill Lynch sur la base des indices MSCI (en dollars), si le mois de janvier 2017 a été globalement favorable aux actions, celle des pays émergents ont mieux performé que leurs homologues des pays développés : +5,4%, contre +2,4%.
Cette surperformance est notamment due à un net rebond au Brésil (+10,6%), mais aussi en Corée (+7,7%), à Hong Kong (+7,7%) et en Chine (+6,8%), l’Empire du Milieu étant plus à la fête en ce début 2017 qu’un an auparavant, lorsque tout le monde craignait un effondrement du pays. Parmi les pays majeurs, seule la Russie affiche une contre-performance, même si le recul est infime (-0,3%) en janvier.
Du côté des pays développés, c’est l’Australie qui fait le meilleur parcours avec une hausse de 4,3% en janvier. Ce n’est peut-être pas un hasard : de tous les pays développés, c’est sans doute le plus proche de certains pays émergents, avec un profil d’exportations dominé par les matières premières. Le Japon s’est également bien comporté (+3,7%) tandis qu’Etats-Unis et Europe font jeu égal (+2%) et que le Royaume-Uni doit se contenter d’une hausse de 1,3%.
Côté valorisations, les actions émergentes se paient toujours avec une décote significative sur les actions des pays développés (12 fois les résultats attendus, contre 16,4 fois), malgré une croissance des résultats plus forte (15,4% en 2017 contre 12,8% pour les pays développés). Pour ceux qui aiment acheter pas cher, la Russie ne se paye que 5,9 fois les résultats alors que ce ratio est de 17,7 fois pour les actions américaines, le plus cher des principaux marchés d’actions de la planète.