"Je ne suis pas médium." Ne demandez pas à Claude Guedj, président-fondateur de du Groupe CRIT, de faire des prévisions précises sur l'activité de sa société en 2009. Sur son activité principale, le travail temporaire (87 % des ventes consolidées), la conjoncture a été sévère au premier trimestre 2009. La baisse du marché en France est ainsi estimée à 35 % en France sur la période !
Pour CRIT, tout allait à peu près bien jusqu'au troisième trimestre 2008, mais la fin d'année dernière a été très difficile, avec un chiffre d'affaires en recul de 15,5 % au quatrième trimestre, toujours sur l'activité d'intérim.
Dans ce contexte, les résultats 2008 du groupe sont plutôt une bonne surprise. Le chiffre d'affaires a été stable sur l'année, à 1,45 milliard d'euros, et le résultat d'exploitation hors éléments exceptionnels a remarquablement résisté, à 39,3 millions d'euros (contre 41,6 millions en 2007).
Tout d'abord, le groupe ne souffre pas de forte dépendance à un client particulier. Le premier s'appelle Renault (aïe !) mais ne représente que 4 % du chiffre d'affaires du pôle travail temporaire (ouf !), dans lequel 64 % de l'activité est réalisée avec des petites et moyennes entreprises.
D'autre part, le groupe a également une branche de services, notamment aéroportuaires, dont la contribution au bénéfice d'exploitation a augmenté de 31 % en 2008, pour atteindre 5,9 millions d'euros. CRIT ne cache pas son intention de développer ce pôle, y compris par croissance externe. Car si les indicateurs d'activité se sont nettement dégradés pour lui, sa situation financière s'est considérablement améliorée : son endettement net a été divisé par deux en 2008, pour être ramené à 35 millions d'euros fin 2008. Et le chiffre serait désormais proche de zéro.
Ce bilan sain constitue un atout en cette période de vaches maigres et CRIT en voit un autre dans son statut d'acteur de taille moyenne. Avec 400 agences d'intérim en France et une part de marché de 6 %, la société est loin du trio de tête (Ranstad/Vedior, Manpower et Adecco contrôlent à eux trois les deux tiers du marché), mais constitue un acteur visible dans un marché assez morcellé, comprenant quelque 850 acteurs. Ni trop gros, ni trop petit, en somme !
Cela permet une certaine agilité et le groupe a adopté des mesures d'ajustement face à la conjoncture : baisse de 8,5 % des effectifs de l'activité intérim depuis janvier, regroupement d'agences, chômage partiel,... Claude Guedj envisage un redémarrage de l'activité aux environs de septembre, mais serait sans doute amené à des restructurations plus drastiques si ses intuitions se révélaient infondées. Car pour lui qui dirige CRIT depuis 1962 et en a vu d'autres en matière de crises, l'objectif est clair : être rentable ou, "au pire du pire", à l'équilibre !