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1 juillet 2009 3 01 /07 /juillet /2009 12:05

Le groupe de distribution estime que ses résultats 2009 seront inférieurs aux attentes du marché. Après cette annonce faite hier après la clôture du marché, à l'occasion de la journée de rencontre avec les investisseurs, le titre grimpe dans un volume plutôt étoffé. Etonnant, non ?

Carrefour a dévoilé hier soir une estimation de son bénéfice d'exploitation du premier semestre. Le groupe table sur un chiffre de 1 milliard d'euros, soit un recul de 30% en un an, malgré une légère hausse du chiffre d'affaires, estimé à 46 milliards d'euros TTC sur la période. Mais la baisse des résultats devrait être moins prononcée sur l'ensemble de l'exercice. Carrefour prévoit ainsi un bénéfice d'exploitation annuel 2009 compris entre 2,7 et 2,8 milliards d'euros (-15% environ).

Cette prévision est sensiblement inférieure aux estimations du consensus des analystes, qui tablaient sur un chiffre supérieur à 3 milliards d'euros. Pourtant, le titre rebondit nettement ce matin (+4,9%, à 31,9 euros, vers midi), dans un volume déjà étoffé (plus de 3 millions de titres échangés), Carrefour marquant ainsi la plus forte hausse du CAC40

Comment expliquer que des prévisions décevantes viennent alimenter la hausse ?

Certes, le marché semble se féliciter du plan d'économies de 3,1 milliards d'euros d'ici à 2012 annoncé par le groupe, plan qui produira des effets significatifs dès 2010. Dans le même temps, Carrefour attend aussi une amélioration des ventes grâce à la transformation de certains de ses magasins. Le passage des supermarchés Champion au concept Carrefour Market, débuté en 2008 et qui s'étalera jusqu'en 2010, génère ainsi pour les magasins concernés une augmentation de 8 à 9% des ventes.

Mais, dans un registre différent, on peut aussi évoquer un autre facteur d'explication à la hausse de ce matin : le whisper number, ou chiffre murmuré, par opposition au chiffre écrit par l'analyste dans son étude sur une société. Ce concept nous fait entrer au coeur la psychologie de l'analyste financier, pris entre deux feux. D'un côté, il y a le client du cabinet d'analyse, c'est à dire le gérant de fonds, qui attend de l'analyste des estimations aussi précises que possible sur les sociétés qu'il a en portefeuille ou dans lesquelles il envisage d'investir ; de l'autre, il y a la société que l'analyste suit. Qu'il s'avise de faire des prévisions trop pessimistes sur l'entreprise, et il prend le risque de la vexer et, par la suite, d'avoir un accès moins facile à son management, ce qui peut à la fois nuire objectivement à son travail... et froisser son propre ego !

Le whisper number est en quelque sorte le fruit de cette relation ambivalente. Il y a la prévision que l'analyste ose publier sur la société, et celle à laquelle il croit vraiment. Si le consensus officiel de place fait la synthèse de toutes les prévisions écrites, ces chiffres qu'on n'ose coucher sur le papier se murmurent d'analyste en analyste, de salle des marchés en salle des marchés, créant une sorte de "consensus fantôme" divergeant parfois de manière significative du consensus officiel.

Cela peut contribuer à expliquer le regain d'intérêt pour Carrefour aujourd'hui : tout le monde soupçonnait que le consensus était trop élevé et le fait que la prévision communiquée par le groupe ne soit pas trop loin au-dessous est finalement rassurant.

Et puis, en ces temps d'incertitude, Carrefour confirme son statut de valeur défensive. Le titre n'a abandonné que 8% en un an, à comparer à un recul de 26% pour l'indice CAC40.

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commentaires

C
Excellent, le whisper number!:)
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