Les actions retrouvent de la volatilité ces jours-ci. Mais le prix des vins fins n'est pas forcément plus stable et c'est un support d'investissement contestable. Ce qui réjouit le buveur ne contentera pas forcément l'investisseur.
Depuis quelques jours, le marché des actions fait à nouveau des siennes, montrant la fragilité de la hausse récente, boostée de manière un peu artificielle par les banques centrales, est assez fragile. Voilà qui souligne l'intérêt de diversifier ses risques. Alors pourquoi ne pas investir dans le vin, grâce aux multiples offres qui sont apparues ces dernières années ?
A vrai dire, l'indice Liv'ex Fine Wine 100, fondé sur les prix de 100 vins particulièrement recherchés, montre assez bien qu'investir en vins des meilleurs crus peut se révéler assez risqué. On voit bien la logique de départ d'un tel placement : les meilleurs vins du monde seront toujours très recherchés, donc très chers, et constituent un placement refuge, comme peut l'être un achat de bien immobilier dans le triangle d'or à Paris. Sans doute, mais une première différence est qu'un bien immobilier peut produire un revenu en étant loué, alors que le stockage d'un vin en vue de le revendre plus cher a un coût, même minime, sans produire de revenus.
Par ailleurs, on constate que depuis le pic à 365 points en juin 2011, l'indice Liv'ex 100 a connu une forte tendance baissière qui l'a ramené à 237 points, soit un recul de 35%. Sur 5 ans, il ne gagne que 2,1% alors que l'indice Liv'ex Fine Wine 1000, plus diversifiés a grimpé de 22,2%. Cela semble montrer que se concentrer sur le haut du panier, c'est aussi s'exposer aux risques inhérents à une trop faible diversification : 74 des 100 composants de l'indice Liv'ex 100 sont ainsi des bordeaux, de Haut-Brion à Cheval-Blanc en passant par Mouton-Rothschild ou Petrus. De grands noms mais aussi une grande volatilité des prix, avec par exemple une baisse de 64% du prix de la caisse de Lafite 2008, comme le note le site britannique thedrinksbusiness.com.
Non seulement le prix des plus grands vins est dépendant, comme celui des actions, des injections massives de liquidités de la part des banques centrales, mais il est aussi fonction des modes, qui varient au cours du temps. Souvenons-nous de la difficulté qu'eut le médecin Fagon à faire accepter à son royal patient, un certain Louis XIV, l'idée de boire du bourgogne, pour des raisons purement sanitaires, d'ailleurs. Car le Roi-Soleil préférait le champagne. On parle bien là du vin rouge issu de pinot noir que produisait cette région aujourd'hui mondialement réputée pour un produit sensiblement différent.
Attention donc à l'abus de crédulité qui vous ferait voir le vin comme un placement miracle. Même les vins tranquilles peuvent avoir leur bulles... et leurs krachs.