Ainsi que l'on pouvait s'y attendre, le conseil d'administration de LeGuide.com qui s'est réuni avant-hier pour examiner les conditions de l'offre publique d'achat lancée par Lagardère oppose un "niet" catégorique au prédateur potentiel, clairement identifié comme hostile.
L'organe représentatif du moteur de shopping sur internet motive sa décision par trois raisons. Tout d'abord, il estime la société capable de mener son développement seule, ce qu'elle a démontré en 2011 dans un environnement plutôt hostile, avec l'arrivée du nouvel algorithme de Google et le risque de déréférencement qui y était lié. Fort de la réactivité d'une petite structure, LeGuide a su se hisser au premier rang européen de son marché (grâce au récent rachat de Ciao), tandis que sa croissance forte (16% au premier trimestre 2012) et ses fortes marges lui permettent de poursuivre son chemin en solo.
Deuxième motif invoqué : le modèle économique de la société présente peu de synergie avec celui de Lagardère. LeGuide.com qualifie son métier d' "intermédiation digitale", laissant entendre qu'il est très différent de celui d'éditeur de contenus. Ce n'est sans doute pas entièrement faux. Et, qui plus est, il faut reconnaître que les sociétés internet déjà rachetées par Lagardère (Doctissimo, Newsweb) ne semblent pas avoir été spécialement bien intégrées au groupe.
Enfin, le conseil d'administration évoque un troisième et très classique argument : le prix insuffisant de l'offre (24 euros par action). Le groupe estime que son modèle, très rentable, sa forte trésorerie (estimée à 18 millions d'euros après l'acquisition de Ciao) et ses perspectives de croissance encore améliorées par cette opération de croissance externe ne sont pas prises en compte suffisamment par l'offre.
Au final, la décision appartient certes aux actionnaires, mais le marché, qui valorise actuellement le titre légèrement au-dessus du prix de l'offre, semble donner raison à la cible. En attendant la suite On pourra au moins remercier Lagardère d'avoir réveillé le cours, revenu au plus haut depuis mai 2011, et affichant une hausse de près de 70% depuis le début de l'année.