Il y a trois ans presque jour pour jour, l'agence de notation Standard & Poors (S&P) retirait à la France sa note financière AAA, que notre pays avait obtenu en 1975. La fin d'une époque ! Les Etats étant considérés comme des emprunteurs particulièrement fiables, du fait de leur capacité à lever des impôts, autrement dit à se constituer des revenus de manière autoritaire, il est assez logique que les émetteurs privés ne soient pas mieux notés que l'Etat qui les héberge.
Standard and Poors fait parfois exception à ce principe, par exemple aux Etats-Unis. Une poignée de sociétés américaines, dont Microsoft, Exxon ou Johnson & Johnson, bénéficient encore de la note d'excellence, ce fameux AAA dont les Etats-Unis sont privés depuis l'été 2011, ce qui a d'ailleurs laissé des traces dans la mémoire des investisseurs.
En France, la logique est respectée. Du côté sociétés financières (banques, assurances), les acteurs les mieux notés par S&P France sont d'ailleurs des filiales de groupes étranger : l'assureur Allianz France bénéficie d'un AA (la même note que l'Etat français), tandis qu'Allianz Bank et HSBC France sont notées AA-. Du côté du "corporate" (les entreprises privées non financières), les acteurs les mieux notés ne sont pas réellement des surprises. Parmi les quatre notes A+, on trouve ainsi trois grandes sociétés au business très récurrent (Aéroports de Paris, EDF et l'incontournable Air Liquide) à côté d'une société qui incarne particulièrement la réussite à la française : LVMH. Ce groupe devance la foncière Unibail Rodamco, notée A, mais doit cependant céder le pas à deux autres entités.
Total est ainsi noté AA- et Sanofi AA. Le groupe pharmaceutique bénéficie ainsi d'une note équivalente à celle de l'Etat français. Non, en vérité, c'est une meilleure note, puisque assortie d'une perspective stable quand la France a une perspective négative. Autrement dit, Sanofi a de bonnes chances de conserver son rating dans les 12 à 18 mois, alors qu'une révision en baisse de la note française est possible.