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28 février 2012 2 28 /02 /février /2012 13:14

xerfi.pngSelon Ludovic Melot, directeur du pôle services aux entreprises de l'institut d'études Xerfi, il faut s'attendre en France à une recrudescence de rachats de SSII au cours des prochains mois. Explications.

L'année 2012 va-t-elle être marquée en France par une vague de fusions-acquisitions au sein du secteur des services informatiques ? La thèse défendue par Xerfi ne va pas de soi si l'on considère le contexte économique morose, contexte auquel le secteur des traditionnellement très sensible. Ainsi, Syntec Numérique, le syndicat professionnel des SSII françaises, prévoit pour 2012 une croissance très faible du secteur, de l'ordre de 1%, à comparer à 3% en 2011.

Mais  Xerfi invoque plusieurs raisons structurelles à l'appui de sa thèse. Tout d'abord, les SSII sont reconnues pour "leur qualité et leur professionnalisme", indique Ludovic Melot. D'autre part, la position de la France en Europe est susceptible d'attirer des prédateurs venus de l'ouest, comme de l'est ! Certains grands acteurs américains de l'informatique (Google, Xerox, Dell) ne cachent pas leurs ambitions en Europe et ont des moyens conséquents pour cela : "au 30 juin 2011, les huit premiers acteurs américains disposaient d'une trésorerie brute cumulée de plus de 275 milliards de dollars", indique Ludovic Melot. Voilà qui est amplement suffisant pour croquer des leaders français comme Cap Gemini (5 milliards d'euros de capitalisation boursière) ou Atos (3,6 milliards). Côté orient, les SSII indiennes, qui se sont surtout développées dans le monde anglo-saxon jusqu'ici, et avec succès, visent désormais à se diversifier. Comme le rappelle Xerfi, c'est le cas de Wipro, qui est aujourd'hui le 39ème acteur français (déjà ou seulement, selon qu'on voit le verre à moitié plein ou à moitié vide) et vise une place dans le top 5 national à horizon 2015. Impossible effectuer un tel bond sans le recours à la croissance externe !

Autre élément important, la progression rapide de nouvelles technologies, comme le cloud computing, par exemple : de telles mutations entraînent pour les acteurs du secteur la nécessité d'être "dans le coup" le plus rapidement possible, ce qui favorise les acquisitions.

Il faut ajouter à cela des facteurs favorisants, à commencer par les valorisations très basses des SSII depuis la crise de 2008 et qui peinent à se relever. Enfin, il y a un indicateur à surveiller quand on examine une SSII : l'âge du capitaine ! Il est fréquent dans ce secteur que le patron soit encore le fondateur, voire le premier actionnaire. C'est généralement quand il envisage de passer la main que la société est vendue, sachant que son consentement est nécessaire à une transmission dans des conditions satisfaisantes. Dans les SSII, les OPA hostiles sont très rares et virent généralement au désastre.

Quelles sont les cibles potentielles du prochain mouvement de fusions-acquisitions ? Suivant ce qui a été dit plus haut, il s'agira de sociétés de grande taille, afin de gagner rapidement de la part de marché, ou de plus petites ayant une spécialité reconnue. Des acteurs comme Cap Gemini ou Atos sont bien sûr à envisager comme cibles, de même que Sopra, qui a franchi le cap du milliard d'euros, affiche une belle rentabilité et dont le PDG, Pierre Pasquier, a 76 ans. Citons aussi GFI, dont le profil de croissance et de rentabilité est moins favorable, mais qui, de ce fait, sera peut-être une cible plus facile à convaincre.

Parmi les sociétés ayant émergé notablement ces dernières années, Devoteam vient de rentrer dans le club des SSII à plus de 500 millions d'euros de chiffre d'affaires, ce qui la fait clairement rentrer dans le radar des grands acteurs. Mais les dirigeants, les frères Stanislas et Godefroy de Bentzmann, sont encore jeunes (49 et 54 ans, respectivement) et ont sans doute l'ambition de continuer l'aventure.

Voir l'analyse de Xerfi en vidéo


 

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