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11 janvier 2010 1 11 /01 /janvier /2010 22:21
Après notre leçon numéro un, publiée ici-même le 6 janvier dernier, en voici une qui n'aura pas touché tous les investisseurs lors de cette folle année 2009 au cours de laquelle presque tout a monté.  Mais cette évidence mérite tout de même d'être rappelée.

Aujourd'hui, notre leçon numéro deux : savoir vendre quand un scénario d'investissement tourne court

Quand tout le marché remonte et que le titre que vous avez acheté est un des rares a boire le bouillon, avouez que c est particulièrement rageant. Ça l'est d'autant plus lorsque tout le monde s'accorde à dire que la société que vous avez achetée est de grande qualité et qu'on vous avait même dit qu'elle était typiquement une valeur anti-crise.

Un exemple ? Ubisoft ! Alors que tant d'éditeurs de jeux vidéo français ont sombré corps et âme durant la décennie écoulée (Cryo, Kalisto) et que d'autres semblent plongés dans un coma prolongé (mais non, je n'ai pas dit Atari!), le groupe phare de la galaxie Guillemot affiche un historique de développement enviable et bénéficie d'une renommée mondiale. N'est-ce pas au champion français qu'on a confié la réalisation du jeu tiré du film Avatar, dont le succès phénoménal et planétaire n'a échappé à personne ces dernières semaines ?

En 2008, alors que les signes de la crise à venir se multipliaient, tout portait à croire que la société allait passer entre les gouttes. Le secteur du jeu vidéo est soumis à des cycles assez forts, liés au renouvellement du marché des consoles. Justement, grâce à la montée en puissance d'une nouvelle génération de machines (Xbox 360, Playstation 3, Wii), Yves Guillemot, PDG d'Ubisoft, prévoyait alors que le pic du marché ne serait pas atteint avant 2010 ou 2011. Un vrai boulevard de croissance !

Pourtant, l'an dernier, Ubisoft a réalisé une des pires performances boursières du marché, avec un recul de 30% environ, soit un écart négatif de 50 points avec le marché (lire notre article "Le bottom 10 du SBF250 en 2009"). Une contre-performance considérable.

Certes, le retournement du marché du jeu vidéo a été brutal, mais il y a un moment où l'investisseur doit admettre qu'il s'est trompé et en tirer les conséquences, c'est-à-dire solder ses pertes ou, comme on dit dans le jargon boursier, se couper un bras. Cela passe par un décryptage objectif de la communication de la société.

A quel moment pouvait-on comprendre que le scénario idyllique (que nous résumerons par : "Ubisoft poursuit sa croissance malgré la crise")  était caduc ? Dès la publication, le 22 janvier 2009, des chiffres du troisième trimestre de l'exercice 2008/2009, le ralentissement de la croissance était net, avec une progression d'activité de 13% seulement, contre 32% au premier semestre. Mais cela pouvait n'être qu'un trou d'air passager. En revanche, au dernier trimestre de ce même exercice, l'activité était cette fois en recul de 5,1%. Le signal d'alerte était patent. A la suite de cette publication, on pouvait encore vendre le titre aux alentours de 15 euros, le 30 avril 2009, malgré la baisse de 8,9% enregistrée ce jour-là. Une bonne idée, sachant qu'Ubisoft allait finir l'année sous les 10 euros.

Moralité : il faut savoir vendre quand votre scénario d'investissement ne se réalise pas.

Emmanuel Schafroth



A lire également : La leçon numéro 1
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