C’est un rituel immuable. Deux fois par an, Pascal Imbert (en photo) et Michel Dancoisne, tous deux cofondateurs du cabinet de conseil en management et systèmes d’information, se font face. Le premier, président du Directoire, présente les résultats semestriels de Solucom à un parterre constitué d’analystes et autres professionnels de la finance. Assis au premier rang de l'assistance, le second, qui préside le Conseil de Surveillance, est sûrement son auditeur le plus attentif. « Cela fait partie de son rôle de surveiller si je ne dis pas de bêtises », plaisante Pascal Imbert, pince-sans-rire comme à son habitude.
Le ton est donné : chez Solucom, on apprécie l’humour,... mais on travaille sérieusement. Voilà qui explique sans doute un historique de croissance flatteur, qui a permis à l’entreprise de se hisser parmi les cinq premiers acteurs français du conseil en systèmes d’information, tout en affichant une très belle rentabilité (10,9% de marge d'exploitation sur le dernier exercice). Un statut qui ne protège que partiellement Solucom dans un contexte d’attentisme marqué de la part des clients.
Au premier semestre (clos fin septembre) de l’exercice 2009/2010, le chiffre d’affaires a certes légèrement progressé (+1%, à 48,3 millions d’euros), mais le bénéfice d’exploitation courant a nettement chuté (-35%, à 3,2 millions). Cette divergence de tendance entre activité et profits ne doit pas étonner dans le secteur très particulier des services informatiques, où la rentabilité peut fluctuer rapidement en fonction du taux d’activité des consultants (c’est-à-dire de la proportion des effectifs facturés aux clients).
Solucom continue de souffrir des difficultés rencontrées par sa dernière acquisition, Cosmosbay-Vectis, dont le taux d’activité a chuté de 65% à 57% entre le premier et le deuxième trimestre de l’exercice. On peut cependant dire que la baisse de rentabilité résulte pour partie d’un choix stratégique de Solucom, celui de ne pas restructurer Cosmosbay-Vectis, c'ets-à-dire de privilégier la préservation du capital humain, vecteur de croissance future, sur les profits à court terme. Il est vrai que cette acquisition a permis à Solucom d’étendre ses compétences, à la fois en matière d’offres et de diversification sectorielle. Cosmosbay-Vectis explique notamment la percée récente du cabinet dans le secteur public. Autre conséquence de la crise, les pressions sur les prix se font plus fortes et le prix de vente journalier moyen a légèrement reflué sur le semestre, à 722 euros (-2%).
La visibilité reste faible, avec un carnet de commandes qui représente (à comparer à un niveau normatif de 3,5 à 4 mois). Pour tenir compte de l’attentisme manifesté par sa clientèle, essentiellement composée de grandes sociétés, Solucom a légèrement révisé en baisse ses objectifs annuels. Le groupe ne table plus que sur un chiffre d’affaires 2009/10 de 100 millions d’euros, contre une prévision initiale de 102 millions. Et la marge d’exploitation courante est attendue entre 7 et 9% (au lieu de 8 à 10%).
Solucom pointe toutefois quelques signes d’amélioration - enfin ! – chez Cosmosbay-Vectis. Surtout, il revendique une agilité qui lui permet de réorienter rapidement sa force commerciale vers les segments de marché les plus porteurs (par exemple, les utilities et secteur public en ce moment). Et Solucom peut se targuer d’un win ratio qui reste très élevé. Lorsqu’il est sollicité pour une affaire, le cabinet la remporte 3 fois sur 4. Il ne reste plus qu’à attendre la reprise : pas avant l’été 2010, estime la direction. Fort heureusement, le groupe a les reins solides et continue de délivrer une rentabilité satisfaisante (4,1% de marge nette au premier semestre).
Hier, le titre n'a d'ailleurs pas véritablement réagi à ce "mini-profit -warning".