Pas facile de lancer une start up en période de crise financière, lorsque les robinets du crédit coulent au goutte à goutte. Et si, malgré tout, c'était le meilleur moment ?
Prenez l'exemple de Cisco. En décembre 1987, il fallait sans doute une bonne dose de courage à son fondateur, Leonard Bosack, pour battre la campagne à la recherche des fonds destinés à développer sa jeune pousse. Deux mois plus tôt, Wall Street avait connu la pire journée de son histoire, lors de ce fameux Black Monday au cours duquel le Dow Jones avait dégringolé de plus de 22 %.
La légende veut que cet entrepreneur ait aligné 75 rendez-vous avant de trouver l'oreille attentive de Donald Valentine, fondateur de la société de capital-risque Sequoia Capital. Cette rencontre lui permit alors de lever 2,5 millions de dollars. On connaît la suite ! Deux décennies plus tard, Cisco est un des grands gagnants de la révolution internet : l'équipementier a réalisé l'an dernier un chiffre d'affaires de 39,5 milliards de dollars et sa capitalisation boursière dépasse les 100 milliards.
Les périodes de crise ont au moins ceci de bon pour les entreprises en démarrage qu'elles ont un effet déflationniste sur le coût de la main d'oeuvre, des bureaux, ou des matériels. Encore faut-il trouver le bon filon ! Les sociétés dans lesquelles la jeune société d'investissement Enex Group, fondée en 2006 à Genève, a pris des participations semblent avoir ceci en commun qu'elles sont capables de révolutionner leur marché.
Enex a ainsi investi dans la société de téléphonie danoise Vopium, dont les applications permettent de passer des appels internationaux à prix réduits à partir d'un téléphone mobile, en utilisant la technologie de voix sur IP et en court-circuitant ainsi l'opérateur. L'équivalent mobile de Skype, dont le succès grandit chaque jour : entrée dans le giron d'eBay, la société a réalisé un chiffre d'affaires de 551 millions de dollars en 2008 (contre 7 millions en 2004) et revendique 350.000 nouveaux utilisateurs par jour ! On souhaite la même voie royale à Vopium, dont le titre est d'ailleurs inscrit au Marché Libre de la Bourse de Paris.
Dans un marché à maturité comme celui du parfum, il peut aussi y avoir des trublions. Et Enex vient d'annoncer un investissement dans Louise Entreprises, qui entend faire émerger le concept des parfums en stick, via ses deux marques commerciales Crazylibellule and the Poppies et My Perfume is a Twistick. "De nombreux professionnels m'ont expliqué que cela ne marcherait pas, mais leurs arguments ne m'ont pas convaincu", explique Arthur Davis, Président d'Enex. Surtout que la créatrice de Louise Entreprises n'est pas une débutante dans le métier : Isabelle Masson-Mandonnaud a en effet co-fondé Sephora en 1993.
Canadien d'origine, Arthur Davis a le virus de la Bourse depuis sa plus tendre enfance mais se définit autant comme un entrepreneur que comme un investisseur. Pour les entreprises qu'il accompagne (via un investissement compris entre 1 et 8 millions d'euros), l'enjeu est de grossir rapidement. Si Enex n'investit pas que dans des marchés grand public, les sociétés cibles doivent avoir le potentiel de générer un chiffre d'affairs de 100 millions d'euros à un horizon de trois ans.