Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
14 septembre 2009 1 14 /09 /septembre /2009 11:10

"Si je me suicide ou que je meurs dans un accident de voiture dans les trois prochains mois, vous saurez que la menace était réelle." Dans un entretien accordé à The Economist, Xavier Niel prouve une nouvelle fois qu'il a plus le sens du théatre que celui de la mesure.

On peut reconnaître au patron d'Iliad une chose : la grande réussite de sa filiale Free dans l'internet haut débit démontre à l'évidence, et de manière spectaculaire, son talent d'entrepreneur ! Sorti de nulle part, il a réussi à capter un quart de ce marché qui semblait pourtant conquis d'avance par les grands opérateurs télécoms en place.

Avec un tel statut - le petit luttant contre plus fort que lui -, l'entreprise aurait pu mériter le surnom d'Astérix des télécoms. Oui mais voilà, il y a un revers à la médaille ! Le visionnaire Xavier Niel est doté d'un bien curieux caractère, qu'il semble avoir insufflé à toute son entreprise : un orgueil qui finit par ressembler à de l'arrogance et une victimisation systématique qui confine à la paranoïa.

Pour un journaliste, écrire sur Iliad en des termes critiques, c'est prendre le risque de se voir littéralement "convoqué" au siège de la société pour s'y entendre inculquer la vérité vraie. Et se voir au passage accusé - un comble ! - d'être "trop sensible au lobbying de la concurrence"...  chez Free, on ne plaisante pas avec la pravda officielle !

Parfois, les choses vont plus loin, et l'on peut rappeler ici l'arrestation plutôt musclée, le 28 novembre 2008, de Vittorio de Filippis, ancien directeur de la publication de Libération, interpellé chez lui à 6h40 du matin pour "diffamation publique envers un particulier". Le particulier en question s'appelait Xavier Niel et Libération avait relaté ses démêlés avec la justice (des accusations de proxénétisme aggravé à propos desquelles il fut finalement blanchi).

Même Frédéric Lefebvre, le pitbull présidentiel, habituellement peu porté à la compassion, avait jugé l'affaire "surréaliste". Mais on n'a pas forcément fait le lien à l'époque entre le caractère inhabituel d'une telle procédure policière (pour un délit ne relevant même pas de la prison) et la personnalité de la "victime".

Ce statut de victime, Iliad le revendique toujours face à des concurrents. Ceux-ci - il est vrai - ne font preuve d'aucune aménité à son égard. Croire que Vivendi ou France Télécom seraient capables de s'entendre pour éviter que la quatrième licence de téléphonie mobile n'échoie à Free ? Pourquoi pas ! Mais imaginer sérieusement Jean-Bernard Lévy ou Didier Lombard négociant avec un tueur à gage le prix de la peau d'un concurrent !!!! Est-ce bien raisonnable, Monsieur Niel ?

Si jamais vous apprenez que l'auteur de ces lignes est mort dans un accident de voiture...

Partager cet article
Repost0

commentaires