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7 avril 2012 6 07 /04 /avril /2012 13:46

Il y a exactement deux ans, le 7 avril 2009, était publié dans ces lignes un article à propos de Notrefamille.com, société cotée sur Alternext. Le titre venait d'enregistrer un rebond de 25% après l'annonce par l'entreprise d'une augmentation de capital à un prix de 13 euros, très nettement supérieur au cours boursier. Une vraie curiosité car, habituellement, les levées de fonds sont libellées au-dessous du cours pour apparaître attrayantes auprès des investisseurs. L'explication de ce mystère : les titres négociés sur Alternext, étant considérés comme non cotés, bénéficiaient d'une "carotte" fiscale importante, le prix de revient réel étant de 25% du prix facial pour les assujettis ISF. Nous alertions alors nos lecteurs sur la fragilité de ce rebond, le prix de l'opération étant peu significatif. Le souscripteur de l'augmentation de capital (réservée à OTC Asset management) pouvait très bien se contenter d'une stagnation du cours pour être gagnant.

Que n'avions-nous pas écrit ! Ce court article déclencha immédiatement le vif courroux d'un internaute : "Vous n'êtes pas objectifs avec ALNFA. C'est la valo Internet la mieux gérée sur Alternext. Pourquoi dénigrer le titre systématiquement ? Vous aurez l'air malin quand elle sera à 30 EUR dans 2 ans...", répondait ainsi un certain Pierre en guise de commentaire.

Dans deux ans ? Rendez-vous était pris. Les deux ans se sont écoulés : qu'en est-il donc ? Notrefamille.com vaut-il vraiment 30 euros et qu'a donné la valeur internet la mieux gérée d'Alternext ? De 10,30 euros à la clôture du 7 avril 2010, le cours boursier de Notrefamille.com est tombé deux ans plus tard à 4,21 euros, soit un recul de 59%. On est bien loin des 30 euros anticipés (ou plus exactement espérés) par Pierre, sans doute actionnaire de la société à l'époque. Newsfinance : 1 / Pierre : 0 ! Et tant pis pour ceux qui sont entrés sans la fameuse carotte fiscale !

Sans porter de jugement sur la qualité du management, il faut reconnaître les faits : le modèle économique de Notrefamille ne parvient pas à générer une rentabilité satisfaisante et durable. Entre 2009 et 2011, le chiffre d'affaires a certes légèrement augmenté, passant de 11,85 millions d'euros à 12,55 millions d'euros. Mais cette croissance est à relier avec l'acquisition de la société Archimaine. Hors cet effet "croissance externe", les ventes ont en effet reculé de 0,4 million d'euros en deux ans. L'activité e-commerce (60% des revenus) est en petit recul, les services payants (généalogie) ont légèrement augmenté et la publicité, malgré la mise en place d'une régie interne, n'a jamais décollé.

La marge brute a bien augmenté de 11% en deux ans, mais à un rythme très inférieur aux charges de personnel, en hausse de... 55% ! En conséquence, le résultat net a basculé d'un bénéfice de 0,9 million en 2009 à une perte de 0,7 million en 2011. La société vaut aujourd'hui à peine plus que sa trésorerie, sans que se profile un vrai délencheur de rebond. Bref, le "business case" Notrefamille reste toujours aussi problématique. 

Je ne sais pas si Pierre, notre commentateur agacé d'il y a deux ans, lira ces lignes. Si c'est le cas, je voudrais lui dire que, si personne ne peut prétendre à l'objectivité absolue, nous essayons sur newsfinance.fr de nous attacher à des faits, de poser les bonnes questions sans prétendre est toujours capable d'apporter une réponse formelle. Et je voudrais aussi lui dire que, si Notrefamille valait aujourd'hui 30 euros, ou 60, ce billet aurait également existé.

Emmanuel Schafroth

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