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18 décembre 2012 2 18 /12 /décembre /2012 12:39

Laurent-Nguyen.pngLaurent Nguyen (en photo) le confesse volontiers, il a fait ses premiers pas dans la finance dans le monde académique. Mais celui qui travailla comme asssistant de recherche à l'Université de Genève sur la théorie des options et la gestion de portefeuille et dirige désormais l'équipe gestion quantitative et ISR chez Pictet sait aussi remettre en cause ce qu'il a appris.

"La réalité des marchés financiers n'est pas toujours conforme à ce que nous dite la théorie", explique-t-il. Et en vérifiant par la pratique, on s'expose en effet à quelques surprises. Par exemple, les sociétés affichant une croissance dynamique offrent théoriquement à leurs actionnaires de meilleurs rendement. En séparant sur la période 1991-2011 les valeurs du marché en quatre groupes en fonction de leur croissance passée sur 5 ans, l'équipe de Picte démontre exactement l'inverse, le quartile des valeurs à plus faible croissance donnant justement la meilleure performance (11% par an), contre moins de 6,5% pour les valeurs à plus forte croissance.

Deuxième idée reçue dans la théorie financière moderne : les valeurs à plus fort endettement, grâce à l'effet de levier, donne un rendement du capital plus important. Là encore, la simulation dit l'inverse, les valeurs les plus endettées affichant une nette sous-performance. Enfin, autre présupposé théorique, plus on s'expose à un risque élevé (un beta élevé), plus on peut espérer un rendement fort. Une nouvelle fois, les calculs de Pictet remettent en cause cette thèse, montrant qu'un portefeuille "low beta" fait mieux qu'un portefeuille "high beta" sur la durée.

Il y a plusieurs explications à ces résultats contre intuitifs, notamment le fait que le marché achète souvent la croissance future, pas la croissance passée, avec un potentiel de déception très important, notamment dans des périodes comme la fameuse bulle Internet, où beaucoup d'espoirs ont fini au Tribunal de commerce. Autre biais à la théorie, l'humanité des gérants qui préfèrent avoir tort avec le troupeau (acheter Apple à 700 dollars, par exemple) que de risquer d'avoir une bonne idée en achetant un titre parfaitement inconnu. L'objection faite par les universitaires, rappelle Laurent Nguyen, est que l'utilisation des indices fausse la donne.

En réponse à cette opposition entre théorie et pratique, Picet lance ces jours-ci un fonds sélectionnant de manière systématique, c'est-à-dire en fonction d'un modèle, des actions de qualité, c'est-à-dire défensives, triées sur 6 critères . Pictet Quality Global Equities puise dans un univers de 2.800 sociétés mondiales pour n'en retenir que 200 environ. Encore un fonds qui dit "mort au benchmark" ! On ne peut que s'en féliciter.

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