Cela faisait bien longtemps que l'international n'avait pas pesé aussi lourd dans le chiffre d'affaires de Netgem. Merci qui ? Merci, l'Australie !
Il suffit de charger sur son navigateur Internet la page d'accueil de la rubrique "personal" du site www.telstra.com.au pour s'en convaincre, la "T-Box" est au coeur de la stratégie de l'opérateur téléphonique australien, côte à côte avec l'iPhone. Excusez du peu ! De la stratégie sur papier à la réalité, il y a parfois loin, mais les derniers chiffres de Netgem, le fabricant français dudit décodeur de télévision numérique, semblent confirmer la réussite de son lancement, clamée haut et fort au pays des kangourous.
Le chiffre d'affaires de Netgem a ainsi atteint 32,9 millions d'euros au troisième trimestre 2010, dont 61,7%, soit 20,3 milions, sont réalisés hors de France (voir graphique : cliquez dessus pour l'agrandir). Nul doute que la part de Testra dans ce dernier chiffre est outrageusement prépondérante. On avait pris l'habitude ces dernières années de voir en Netgem un acteur franco-français, oubliant que l'étranger était nettement dominant dans l'activité au début de la décennie 2000. Revoici donc la société à la conquête de nouveaux marchés et c'est tant mieux.
A l'invers, le chiffre d'affaires français continue sa chute, à 12,6 millions d'euros sur le troisième trimestre 2010, contre 32,7 millions un an avant. Il faut s'habituer à cette tendance, du fait de la perte programmée de SFR, qu'on peut désormais appeler l'ex-client principal de Netgem. Que ne lit-on pas dans certains forums boursiers sur le client en question ! "SFR commet une erreur monumentale en quittant Netgem", "ils le regretteront", "puisque c'est ça, c'est Free qui aura droit à la techno Netgem", etc. Balivernes que tout cela ! SFR a atteint dans le marché de l'ADSL une taille critique et, fort logiquement, a décidé de réinternaliser la technologie, en rachetant d'une part à Netgem le logiciel équipant ses boitiers de télévision numériques déjà déployés, en développant sa propre technologie d'autre part. D'ici la fin 2011, considérons donc que le chiffre d'affaires réalisé par Netgem avec SFR s'éteindra doucement, au lieu de croire, comme certains, aux miracles.
La bonne nouvelle, c'est que la société a cette fois un vrai relais de croissance (Telstra) et peut-être deux. Si le contrat australien est équivalent au contrat SFR, à savoir un marché de fourniture de matériel et de logiciels à un opérateur télécoms, Netgem vient d'initier avec le contrat Toshiba une autre stratégie, celle d'être présent de manière significative sur les linéaires des distributeurs de produits électroniques. Pour la société, la croissance de demain pourrait donc ressembler à une fusée à deux étages.
En ce qui concerne l'année 2010, Netgem table sur un chiffre d'affaires proche des 131 millions réalisés en 2009 (hors partie VideoFutur). L'incertitude reste en revanche de mise concernant la rentabilité, après les 19,7 millions d'euros de résultat net enregistrés au cours d'un premier semestre fort atypique, incluant la vente exceptionnelle de la licence à SFR. Reste que la société affichait au 30 juin une santé financière intacte, avec une trésorerie nette de 34,8 millions d'euros... de quoi accélérer nettement ses investissements.
Le titre devrait réagir très positivement demain à cette annonce très rassurante sur l'avenir de la société. A suivre...